Cher Gabriel
Haldfan W. Freihow

Cher Gabriel est une lettre intime et émouvante d'un père à son fils autiste. Gabriel et sa famille vivent dans une maison située sur la côte norvégienne, au coeur d'une nature sauvage et préservée. Cette côte rocheuse illuminée par des ciels changeants et balayée par les vents offre la quiétude, le grand air, éveille les sens et l'imagination, et chaque membre de la famille que le quotidien parfois malmène vient tour à tour s'y ressourcer. Quand Gabriel rêve de devenir pirate, son père l'emmène à l'aventure, en bateau, sur une petite île. Un programme préparé à l'avance et rigoureusement répété à chaque expédition : humer durant de longues minutes l'air du large, pique-niquer sur la grève, grimper dans les rochers jusqu'à la caverne secrète où à coup sûr quelques opales et coques de nacre ont été cachées, et revenir fier comme Artaban, à bon port, avec une malle pleine de trésors. Quand Gabriel rêve d'un immense repas de fête, frères, soeur, c'est toute la famille qui met la main à la pâte pour envoyer de belles invitations et concocter un menu d'exception. Tant pis si Gabriel s'échappe brusquement après avoir renversé des verres dans le plat principal. Les câlins et les histoires racontées sur les genoux par un entourage aimant et compréhensif parviennent à éloigner les peurs et les larmes. Avec beaucoup d'amour, de fierté, et un réel espoir, H. W. Freihow met en lumière une relation complexe, un amour inconditionnel. Tel un château de sable somptueusement sculpté qui tantôt prend des allures de palais étincelant, tantôt se laisse engloutir à la première houle, et qui sans cesse demande à être reconstruit. Le père essaie de comprendre ce qui rend Gabriel si différent des autres enfants et tente de mettre en mots le chagrin et aussi l'orgueil et l'acuité ressentie au contact de l'altérité de son fils. « Est-ce que tu apprendras un jour à jouer avec les mots, Gabriel ? Le paysage plaisante sans cesse avec nous. Les nuages sont des visages ou des animaux effrayants, mais ils n'arrêtent pas pour autant d'être des nuages ? La mer scintille d'or au coucher du soleil, mais elle reste la mer. L'arbre du jardin a des griffes de sorcière et on dirait qu'un aigle a atterri sur le dernier îlot, pourtant tu sais qu'en fait ce sont des branches mortes et un éboulis de pierres que tu vois. Ce n'est pas dangereux de plaisanter avec les mots, Gabriel (.) Ça ne fait rien si de temps en temps tu as envie de boire un cheval ou un pantalon d'eau - le verre ne reste pas moins un verre. » Freihow tend la main à tous les parents qui luttent pour comprendre et élever leurs enfants coûte que coûte, quels que soient les obstacles qu'ils peuvent rencontrer. C'est un hommage à la fois tendre et profondément sincère à l'amour et aux relations parent-enfant.